Bonjour, je suis Aline, et la partie de mon corps que je préfère : c'est mes pieds !
Enfin je dis "pieds", disons que c'est l'appelation officielle. En pratique c'est court, large, et arqué.
Il m'en aura fallu du temps pour trouver chaussure à mon pied. Et ne voyez là aucune figure de style de ma part. Simplement que la plupart des fabriquants proposent des souliers étroits. Or nos orteils ne demandent qu'à tâter le sol pour envoyer un maximum d'informations au cerveau. N'est-ce pas ce à quoi nous aspirons finalement : se connecter à la terre ?
Ça a du bon d'être différent des autres. Les pieds arqués sont les mieux adaptés à la pratique de la course. Il n'y a alors pas besoin d'une épaisse gomme élasique sous le pied : on profite des propriétés bio-mécaniques des jambes qui agissent comme des ressorts. Un première courbure dans le pied, une seconde dans la jambe qui se plie, permettent de restituer l'énergie de manière ultra-efficace. Et hop ! Je bondis.
Un nouveau monde s'est ouvert à moi à mes vingts ans, quand j'ai appris à connaître ces pieds qui m'accompagnaient depuis mes premiers pas. Être à leur écoute m'a donné accès à de nouvelles sensations. Pieds-nus dès que je suis en intérieur (que ce soit à la maison, au bureau, ou dans un train), je les laisse respirer, se promener en terrain non-hostile, me transcrire le revêtement de la surface, sa chaleur. Entre une sortie rando-course, où je martèle leur plantes en enquillant les kilomètres, et une séance de grimpe, où ils sont écrasés dans des chaussons rigides, je prends soin d'eux. Un massage par-ci, un bain froid par-là. Ils me le rendent bien.
Pendant un temps je les ai maltraités, malgré moi, mal chaussé. Aujourd'hui c'est différent : je ne les ménage pas.